Claude nous raconte ...
Les prémices : entraînement
J’ai choisi le skiff mauve (rose diront certains) parce qu’assez performant (légèreté) et que j’arrive à le maîtriser avec de l’habitude. Il est adapté à mon poids. Je n’ai pas peaufiné les réglages par manque de temps en crainte de tout déstabiliser.
Je me suis entraîné pendant environ un mois et demi. Une fois 25 km, 2 fois 30km et plusieurs fois 15km.
Cela m’a permis de faire quelques constats :
- Sellette : coussin (sous-cul) obligatoire. Merci au club de m’en avoir prété un (même si c’était plutôt une appropriation !)
- Selon les conseils de Carole et Guillaume, boire souvent et beaucoup, merci à Guillaume pour son prêt d’une nourrice de deux litres avec tuyau.
- Manger : je me suis découvert des fringales !
Ceci dit, l’approche de la date fatidique m’a procuré quelques angoisses...
Le jour J : arrivée et attente
J’arrive à Port Marly à 6h10… et c’est trop tôt !
Coté provisions, c’est prêt : Nourrice pleine (mélange eau-jus de raisin), fruits secs en récipient, barre de céréales et pâtes de fruit.
Retrait du numéro et briefing vers 6h45-7h00.
Mais je n’ai pas pensé aux affaires à retirer : Chaussures, survêtement et portable voyageront avec moi. Du coup, mon skiff n’est pas très bien organisé (surtout vu d’autres pro du marathon !). Je fais un peu « gens du voyage »…
Embarquement
J’ai mis la casquette et les lunettes (indispensables ) mais j’oublie de retirer le survêtement et c’est parti.
Sur l’eau, j’arrive à retirer les chaussures et le haut de survêtement, à placer le « sous-cul » (heureusement embarqué). Par contre, j’ai dérivé du ponton à l’entrée du bras (ça fait long!), en me tortillant, pour retirer le bas de survêtement.
J’arrive à prendre le contrôle du bateau pour sortir en Seine.
Et là, je me fait sermonner pour rejoindre l’autre rive en remontant la Seine.
De fait, les organisateurs veulent organiser le départ groupé en lignes de 4…
Départ de régate
Je discute avec mon voisin numéro 1 qui me traite de « petit jeune » (il est de 1953 et moi de 1954 !)
Et c’est le départ !
De loin, cela paraît joli… Dedans, c’est le stress complet : devant, sur les côtés, derrière ! Et ça, sur deux kilomètres environ.
Le pont de Corbières, en avalant, se charge de réguler tout ce beau monde : Le n°1 a failli se payer le duc d’albe, et je peux donc respirer après.
1er tour
La descente se déroule normalement jusqu’à la bouée aval.
Je bois une première fois et avale quelques fruits secs.
A l’approche de Corbières, je suis obligé de monter à 26 coups pour me positionner sur une bonne ligne d’eau. Et prends mon passage favori (non sans remarque de la sécurité), ce qui me permet de souffler avant de batailler en tête d’un groupe de 5 rameurs. (1,12,4 : moi,18,25) jusqu’à Chatou.
Au passage, le 18 s’égare dans l’écluse… mais le 1 me met vraiment la pression (à moins de 1m de ma poupe !).
Vers Chatou, un concurrent pressé prend un bain après avoir mangé la pile de pont ferroviaire en descendant.
A la descente, ils ont profité de mon ravitaillement pour passer devant.
2ième tour
Au deuxième tour, je me retrouve au milieu des 8+ et 8x et... on se sent petit…
Autant à la bouée aval qu’à la bouée amont, je les gêne dans leur virage (comme je suis plus manœuvrant, je coupe).
Je suis moins précis dans la trajectoire. A 30km (remontée au dessus de Port Marly), je passe en mode « la meilleure façon de marcher... »[1]
Je vois la yolette et les 4X du Ceramm en action.
Je passe le pont de Bougival : des fesses aux cuisses ça souffre. Vivement Chatou !
Enfin la bouée et la descente : ravitaillement - commentaire de la sécurité :
- c’est pas encore l’heure de manger ! …
- c’est quelle heure ?
- ...11h40
- alors c’est l’apéro :)
Vers Bougival il y a quelqu’un devant moi. Sécurité ?
Et non, un concurrent : Le n° 18.
J’applique la technique de Carole : je raccourcis le mouvement, et accélère un peu… en allégeant le pelles car il faut quand même pouvoir !
Je passe le n°18 qui me dit qu’il n’a plus de jus ! Moi, je suis plutôt en train de couler les bielles mais, en allégeant bien, ça avance encore.
Enfin l’arrivée !
Eh bien je m’arrête là !
Heureusement, les 8 en attente me laissent la priorité pour débarquer au ponton.
Bilan :
Content de devenir marathonien… C’est pas une vocation mais c’est intéressant. En plus, on a une médaille ! (c’est comme dans l’œuf des Kinders).
En général, les problèmes surviennent au moment où l’on a arrêté les entraînements :
Par exemple, le n°25 s’est entraîné sur 15km, il a bien tenu 15 km.
Pour moi, 30km ... les crampes sont arrivées à 30km. J’ai bu beaucoup après pour limiter la casse.
On discutait avant entre concurrents sur les objectifs : L’un d’eux s’était fixé d’arriver en bon état. Je disais que, pour moi, c’était d’arriver tout court. Ce à quoi on m’a répondu que ça, on pouvait toujours y arriver. Maintenant je partage ce point de vue : Aucun abandon.
[1]La meilleure façon de marcher, c’est encore la nôtre : on met un pied devant l’autre et on recommence, la meilleure...